Phylogénie

L’embranchement des tardigrades regroupe plusieurs espèces. On estime avoir découvert près de 1200 espèces. Une moitié des espèces sont marines, un quart des espèces terrestres et une centaine vivent dans les eaux douces. 

Les tardigrades sont des eucaryotes et font partie du règne animal. Ils forment à eux même un embranchement. Cependant, leur place dans l’arbre généalogique du règne animal est difficile à préciser. Ils constituent peut-être un clade indépendant. On les range souvent avec deux autres groupes : les arthropodes et les onychophores au sein du clade des panarthropodes.

Des recherches pour l’avenir

Les chercheurs se tournent de plus en plus vers le tardigrade pour étudier ces nombreuses facultés. En effet, résistant à beaucoup de conditions impossible pour l’homme, le tardigrade est très intéressant. Par exemple, une des protéines appelé Dsup, qui protègent le tardigrade de la déshydratation le protège aussi contre les rayons X, et elle semblerait pouvoir protéger (à hauteur de 40 %) des cellules humaines exposées aux rayons X, ce qui pourrait être utile lors de traitement de radiothérapie ou en cas de voyage dans l’espace. Les chercheurs s’intéressent aussi à son ADN et ses gènes. Sur ce sujet, Denis Dupuy, Chercheur à l’Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm), et généticien, rappelle que le séquençage du génome est une jeune technologie, qui a seulement une quinzaine d’années, et que la discipline est extrêmement complexe : « Dans un génome, il y a 20 000 gènes environ, qui interagissent entre eux. Quand on analyse un génome, on n’a pas toutes les fonctions, ce n’est pas comme une recette de cuisine. On ne peut pas comprendre exactement ce que fait chaque gène, et dans quelles conditions. » Ainsi, il y a encore beaucoup de recherches à faire sur cet animal fascinant et encore peu connu.

Le tardigrade, résistant aux conditions extrêmes

Le tardigrade est microscopique mais est néanmoins très résistant et peut survivre dans des conditions de vies impossibles pour l’Homme. En effet, le tardigrade est capable de survivre aux fortes radiations, aux fortes chaleurs, aux grands froids, au vide et aux fortes pressions, certains produits toxiques, aux fortes déshydratations et fortes salinité. Cependant, les 1200 espèces de tardigrades ne sont pas toutes résistantes aux mêmes conditions.

Radiations : Les tardigrades ont une très forte résistance aux rayonnements (rayons X ou ultraviolets) qui va jusqu’à environ 5 000–6 200 Gy, autrement dit, plus de 1 100 fois ce que l’Homme peut endurer. Cette tolérance aux rayons X ionisants est une adaptation du tardigrade à une déshydratation sévère. Une forte déshydratation détruit normalement les tissus mous et peut même déchirer l’ADN (tout comme les rayons X le peuvent). Une des protéines (dite Dsup) qui protègent le tardigrade de cette déshydratation le protège aussi contre les rayons X. Il est le seul être vivant connu à ce jour capable de résister à une dose de rayons X qui dépasse les 570.000 rads alors que la dose létale pour un humain est de 500 rads.

Températures :  Les tardigrades figurent parmi les rares animaux non homéothermes à pouvoir poursuivre leur activité par des températures très en dessous de 0 °C, notamment sur (et parfois dans) les glaces de l’Himalaya et du Groenland. Ils peuvent même survivre plusieurs jours à des températures proches du zéro absolu, à −272,8 °C (0,35 K). Un spécimen a même pu se réveiller après avoir été congelé à −20 °C pendant plus de 30 ans. Leur résistance est également exceptionnelle dans de hautes chaleurs : ils peuvent survivre plusieurs minutes à 150 °C.

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Vide et pression: Les mécanismes de protection des tardigrades leur permettent de survivre dans des conditions extrêmes comme le vide presque absolu, mais aussi sous de très hautes pressions, jusqu’à 1 200 atmosphères. En 2007, des tardigrades ont été exposés au vide spatial en même temps qu’aux radiations solaires directes par la mission FOTON-M3, en orbite autour de la Terre, et plusieurs ont survécu.

Produits toxiques : Selon des résultats de laboratoire qui restent à confirmer, les tardigrades présenteraient également une exceptionnelle résistance à de nombreux produits toxiques, grâce à une réponse immunitaire appelée « chimiobiose ». La chimiobiose (chemobiosis) est une réponse cryptobiotique face à de hauts niveaux de toxines environnementales.

Déshydratation : les tardigrades ont une extrême tolérance à la dessiccation, ce qui leur permet de coloniser les déserts les plus secs : ils peuvent faire varier la proportion d’eau dans leur corps de plus de 80 % à moins de 3 %. En cas d’absence totale et prolongée d’eau, ils peuvent survivre plus de 10 ans en cryptobiose sans la moindre trace d’eau, et reprendre leur activité quand ils sont réhydratés. La résistance à la dessiccation fait intervenir une classe particulière de protéines, dites TDP (tardigrade-specific intrinsically disordered proteins, en français protéines intrinsèquement désordonnées spécifiques des tardigrades) dont la vitrification protège l’organisme.

Salinité : Ils résistent à des salinités extrêmes soit en formant un tonnelet imperméable aux sels, soit par osmobiose.

Tardigrade : son point faible enfin identifié - Sciences et Avenir

Malgré toutes ces facultés, le tardigrade a un point faible, qui n’est autre que le Kouign Amann! En effet durant des tests pour étudier le régime alimentaire des tardigrades, ce n’est pas l’acide sulfurique ou la naphtaline qui a tué les tardigrades mais bel et bien le gâteau breton! Ceci est à prendre avec un peu de second degré…

Pour en savoir plus :

Description physique

Le tardigrade mesure entre 0,5 micron et 1,5 mm selon les espèces. Son corps est recouvert d’une cuticule robuste que l’on peut apparenter à une carapace. Il se compose en 5 parties : la tête et quatre segments de pattes crochues munies de griffes non rétractiles. la forme de la tête et les griffes varient selon les espèces. Sa dernière paire de pattes est dirigée en arrière ce qui lui sert pour s’accrocher. 

Aucun appareil respiratoire et circulatoire n’est présent. Ainsi, leur corps est empli d’un fluide en contact avec toutes les cellules, ce qui assure une nutrition efficace et des échanges gazeux.

Cliquez pour entrer dans les entrailles de l’ourson d’eau !

sources :

« Les étonnantes facultés du tardigrade », article en ligne :http://www.astrosurf.com/luxorion/tardigrade.htm

La cryptobiose

News - Micropia

Les tardigrades ont la capacité de rentrer en cryptobiose, qui est un état d’anabiose, lorsqu’ils sont soumis à des conditions de vie extrêmes, afin de se protéger. Ils déshydratent presque totalement leur organisme (perte de plus de 99 % de leur eau), remplaçant l’eau à l’intérieur de leurs cellules par un sucre non réducteur qu’ils synthétisent, le tréhalose. Il a un rôle d’antigel, en congelant les tissus, qui sauvegarde les structures cellulaires. Pour compléter la protection, ils rétractent leurs huit pattes et s’entourent d’une petite boule de cire microscopique. Ils se transforment entre autre en Belle aux bois dormant et s’envolent pour un long sommeil.

Lors du retour à des conditions dites normales, l’animal redevient actif de quelques minutes à quelques heures.

Quelques articles si vous voulez en savoir plus sur la cryptobiose:

Habitat et alimentation

Les tardigrades se trouvent le plus souvent sur les lichens et les mousses. On peut aussi les trouver dans d’autres milieux comme : les dunes (plus de 40°C), les fonds marins (plus de 5 000 mètres de profondeur), dans les montagnes (6 600 mètres d’altitude) dans des tas de feuilles et les sédiments marins ou d’eau douce. En somme, des endroits riches en nutriments et en eau où ils peuvent se reproduire assez fréquemment (jusqu’à 25000 animaux par litre). Certains tardigrades, comme le cas de l’Echiniscoide wyethi, se trouvent sur des balanes (crustacés). En somme, nous pouvons en trouver un peu partout dans le monde, c’est-à-dire qu’ils fréquentent des milieux variés allant des températures les plus chaudes aux plus froides.

Grâce à son milieu de vie, les tardigrades peuvent se nourrir de petites plantes, de mousses, de lichens et d’algues mais aussi de petits invertébrés comme les nématodes et collemboles. Enfin, quelques tardigrades se nourrissent de bactéries et d’autres sont même cannibales.

sources :

« TARDIGRADES – Encyclopaedia Universalis », article en ligne : https://www.universalis.fr/encyclopedie/tardigrades/#V220069